Bientot la nuit. Une nuit pendant laquelle chaque bruit semble une agression. Ou chaque craquement de branche l'angoisse un peu plus.
Les reflets verdâtres, la pluie qui tombe, cette eau croupie. Rien ne la dégoute plus que ces marais.
Son horizon, c'est la mer. C'est une fille du port, une fille des docks, une meneuse d'hommes.
Pourtant, elle est seule.
Mais les ordres sont clairs. Elle se doit de les respecter. Explorer la carcasse, relever les éléments, récupérer les caisses et rentrer à la nouvelle lune.
Plusieurs heures de marche par jour. Jusqu'à épuisement, jusqu'au moment ou les vos jambes ne vous portent plus.
Peut être même un peu plus tard encore.
Elle était partie au petit matin, avait remonté la riviere jusqu'aux silhouettes aperçues dans les marais.
Le chef semblait convaincu: le reflet d'un pare brise.
Elle avait chargé son sac de vivres. De quoi tenir deux lunes. Et d'alcool, pour se donner de la force.
A ça s'ajoutaient de l'essence, et de l'alcool. Avec un peu de bol, de quoi faire démarrer le véhicule, faire le tour des caisses et rentrer avec le groupe avant la nouvelle lune.
10 heures de marche sous un soleil pour une fois clément. Puis elle commençait à s'enfoncer dans ses eaux épaisses des tourbières.
Le marais allait s'étendre devant elle, à perte de vue.
Ses pas seraient plus lourds, son avancée plus lente. Et il faudrait pourtant y aller.
Le soleil avait fuit l'horizon. Elle se présentait, seule, devant le gué.